La réalité ne devient jamais ce qu’on en veut, ni même ce qu’on en fait... mais ce qu’on en dit et ce qu’on veut bien en croire.
Depuis que l’homo est sapiens, la maîtrise du récit est stratégique et même vitale. On perd sa guerre sans récit cohérent et sans son authentique incarnation, et on gagne durablement des territoires (de l'être, du faire, de la pensée et de l'aimer) avec des récits performants. On perd l’intégrité de sa santé (mentale et physique) sans la capacité de se raconter vrai, de faire sens, de faire cause commune et corps commun avec le réel environnant. On perd un amour quand on ne sait plus (se) raconter son histoire. On perd pied, la boule, la tête ou la partie, le nord, du terrain ou son sang-froid, parce qu’on ne sait plus s’abstraire d’une réalité endommagée pour la faire à nouveau grandir. Mais rien n’est jamais totalement perdu car tant qu’on sait dire, on sait Grand Dire. Et il y a urgence à bien Grand Dire, car nous n’en sommes qu’au tout début de notre histoire. Donc :
Il était en corps une fois…